encre
Matière Subtile
L’histoire de l’art part d’une infime couche de pigments pour peindre le vivant et arrive au vingt et unième siècle à une absence de matière, avec l’outil digital.
Le désir éternel des créateurs étant de s’approcher de cette matière subtile et invisible qui sous-tend chaque atome de vie.
Entre ces deux points, les tableaux de maître, faits de couches fines et délicates ont réussi par une grande technique et un amour de l’esprit très présent à cette époque à traduire la sensible nature, le vivant.
En suivant, l’impressionnisme a merveilleusement transcrit la lumière avec des touches sensibles et vibrantes, donnant aux choses peintes un goût d’éternité.999 Puis à mesure que les églises se vidaient et que les musées se remplissaient, les tableaux nommés modernes puis conceptuels se sont approchés du vivant par la matière par des objets, des concepts, donnant, pour certaines réalisations un art froid, sans lumière, sans vie, opaque.
L’homme de la préhistoire avec des moyens infimes, réduits, un peu de pigment, un regard aiguisé, a mis à profit chaque bosse ou creux de la roche afin de soutenir la perspective de l’animal évoqué, le rendant ainsi, vivant, comme on peut le voir encore aujourd’hui.
Il travaillait avec la matière subtile.999 Aujourd’hui peindre sur une tablette graphique, cet outil digital, sans matière palpable, et arriver à transmettre du vivant, de l’émotion, c’est de la même façon transcrire, la matière subtile ; l’esprit qui est en toute chose et qui se délivre avec beaucoup de délicatesse.
Cela m’amène à penser que le Vivant s’accommode plus du moins, que du plus. Que le Vivant est un souffle imperceptible.
Trop de matière tue l’esprit et l’outil digital est peut-être le passage et le moyen pour retrouver ce contact avec l’invisible, la subtile matière et le chemin de la lumière.
Anne Turlais – 03/05/2022